Il fut question des collections de L’Association, en particulier de la collection Éprouvette. On peut trouver quelques réflexions générales et descriptives à ce sujet dans ce court article : « Quand les auteurs de bande dessinée s’interrogent sur leur art », Culture, mai 2009.
Intervention de Tanguy Habrand
“L’Association dans les champs de l’édition, de la bande dessinée et de l’indépendance. Émergence et trajectoire” (Université de Liège, 26 février 2009)
En deux décennies, le succès de L’Association a contribué à consolider la reconnaissance de la bande dessinée, tant auprès d’un public déjà convaincu que dans son extension à un nouveau lectorat. Pour la première fois dans l’histoire du médium, une structure éditoriale allait en effet, dans la durée, faire de son catalogue un espace d’expérimentation et de réflexion sur les possibilités de la bande dessinée au point de devenir le symbole, largement suivi, d’une génération.
La réussite de l’entreprise ne doit pas, pour autant, conduire à un discours essentialiste qui la détacherait de tout contexte. Situer l’émergence de L’Association dans le champ éditorial global qui a vu, dans les années 1990, le développement des éditeurs dits « indépendants » (dans les secteurs de l’essai ou de la littérature), offre un premier élément de compréhension. Plus spécifiquement, une analyse de l’apparition et de la trajectoire de L’Association d’un point de vue socio-économique à l’échelle, cette fois, du champ de la bande dessinée, permet de mieux identifier l’originalité du projet et ses tensions. Prise entre la volonté de poursuivre le travail de Futuropolis et celui de faire du passé table rase, entre un développement économique et la revendication d’une absence de but lucratif, entre le fait de réveiller la bande dessinée et d’être le réveil de la bande dessinée, L’Association consiste en un projet complexe dont la seule étiquette d’avant-garde, réclamée par l’un de ses fondateurs, Jean-Christophe Menu, peine à rendre compte.
Au terme d’un retour aux sources (catalogues, documents destinés aux adhérents, articles et entretiens dans la presse) et aux choix éditoriaux de L’Association, se dessine une histoire non linéaire qui illustre les étapes d’un projet certes révolutionnaire, mais irréductible à son discours d’escorte.
Intervention de Gert Meesters
“L’avant-garde classique, mais pas douce. La poétique de l’innovation dans les bandes dessinées publiées par L’Association” (Université de Liège, 12 novembre 2008)
À travers les prises de position de Jean-Christophe Menu (Plates-bandes, 2005) entre autres, L’Association a toujours revendiqué l’étiquette d’avant-garde. Comment se définit cette avant-garde ? Elle apparaît en tout cas moins brutale que ce que les réactions au discours de l’Association dans le monde de la bande dessinée francophone pourraient laisser penser. Bons connaisseurs de la bande dessinée classique, les fondateurs de L’Association annonçaient prendre leurs distances avec celle-ci au sein de leur propre maison d’édition. Comment cette position intermédiaire entre classicisme et révolution s’incarne-t-elle dans la production de la maison ? À la lumière du style graphique et de la narration visuelle, telle est la question qui se trouve ici posée.
Interventions de Maud Hagelstein et d’Erwin Dejasse
Maud est intervenue sur la question du dessin chez Joann Sfar et Erwin nous a entretenu des autobiographies fondatrices suivantes :
Dupuy et Berbérian, Journal d’un album, L’Association, 1994
Lewis Trondheim, Approximativement, Cornélius, 1995 (chez Cornélius)
Jean-Christophe Menu, Livret de Phamille, L’Association, 1995.
À propos d’ACME
ACME part de la conviction que la recherche universitaire doit faire entendre sa voix dans les discours sur la bande dessinée. Ce rôle lui a souvent été dénié par le passé, tant par les critiques spécialisés que par les auteurs, qui lui reprochaient sa trop grande « extériorité » par rapport à l’objet. Et pour cause : la bande dessinée à l’université a fréquemment servi de prétexte à l’illustration de théories hégémoniques, plus soucieuses de leur puissance d’explication que de l’approfondissement des dimensions multiples d’une pratique. Nous partons quant à nous du principe que la bande dessinée est un sujet digne d’être étudié en soi, au même titre que les autres productions culturelles et artistiques.
Le nom du groupe fait explicitement référence au projet Acme Novelty Library de Chris Ware, dont le caractère inventif illustre à sa manière la volonté innovatrice de notre projet. Pour y parvenir, le groupe s’inspire également d’un modèle éponyme, l’usine des cartoons de la Warner à la célèbre devise : « A company that makes everything ». Plus qu’un clin d’œil, cette dernière référence est l’affirmation d’une visée résolument interdisciplinaire. ACME rassemble dans cet esprit des chercheurs venus d’horizons divers, qui mobilisent des approches variées : sociologique, institutionnelle, esthétique, historique, économique, formaliste, cognitiviste.
Dans un premier temps, le groupe entend privilégier des échanges de vue en interne lors de réunions mensuelles. Il s’est fixé comme objectif principal de produire, sous la forme d’un volume collectif, un travail de recherche centré sur un objet commun.