Vivre de la bande dessinée, un Eldorado perdu ?
Présentation des recherches de thèse de Maëlys Tirehote-Corbin au METICES à l’ULB le mardi 20/2/24 de 10h à 12h, salle 13102.
Image : dessin de presse de Soulcié, paru dans Télérama, janvier 2018.
Résumé
Rares sont les artistes qui vivent entièrement de revenus tirés de leur art (Menger, 2002). À l’instar des musicien·nes (Perrenoud et Bataille, 2019) et des écrivain·es (Lahire, 2006), les auteurices de bande dessinée doivent souvent multiplier leurs sources de revenus (Aquatias et François, 2021 ; États Généraux de la Bande Dessinée, 2016).
Au-delà des défis posés par la pluri et la multi activité, les carrières des auteurices de bande dessinée sont aussi façonnées par leur mobilité géographique dans l’espace francophone, de même que par les configurations conjugale et familiale, ou encore leurs styles de vie (Bajard, 2018).
En me basant sur une quarantaine d’entretiens biographiques et autant d’observations menées auprès d’auteurices de bande dessinée vivant et travaillant en France, en Suisse romande et dans la région de Wallonie-Bruxelles, je présenterai les contextes d’exercice de l’activité et les différentes stratégies déployées par les auteurices pour faire face à la faiblesse des ressources économiques tirées de leur activité bédéiste. Il s’agit de mieux comprendre comment l’espace francophone européen façonne ces stratégies et l’accès différenciés aux ressources
Bibliographie
Aquatias S. et François A. (2021), « Socialisation, formation, trajectoires et conditions de vie des auteurs francophones de bande dessinée en Charente », Rapport de recherche, Angoulême, Pôle Image Magelis, Grand Angoulême, Lla Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image, Association LRSH.
Bajard F. (2018), Les céramistes d’art en France: Sens du travail et styles de vie, Rennes, Presses universitaires de Rennes. États Généraux de la Bande Dessinée (dir.) (2016), Enquête auteurs 2016, Résultats statistiques, EGBD.
Lahire B. (2006), La condition littéraire : la double vie des écrivains, Paris, Éd. la Découverte (Textes à l’appui).
Menger P.-M. (2002), Portrait de l’artiste en travailleur: métamorphoses du capitalisme, Paris, France, La République des idées : Seuil.
Perrenoud M. et Bataille P. (2019), Vivre de la musique? Enquête sur les musicien-ne-s et leurs carrières en Suisse romande (2012-2016), Lausanne, Suisse, Editions Antipodes.
Maëlys Tirehote-Corbin est doctorante en sociologie à l’Université de Lausanne. Après s’être intéressée aux normes de genre dans les formations spécialisées en bande dessinée, elle travaille aujourd’hui sur les carrières des auteurices de bande dessinée et tout particulièrement sur les ressources que celles et ceux-ci mobilisent afin de pouvoir exercer cette profession. Elle fait partie du groupe de travail les Bréchoises, oeuvrant pour la création et la valorisation d’un matrimoine de la bande dessinée. Elle est aussi membre du comité de rédaction de la revue Comicalités, de la collégiale Brèche et du GrEBD.
Publications
Maëlys Tirehote-Corbin, « La fabrique des bédéistes : quelle place pour les femmes ? », in La fabrique de la bande dessinée, dir. Pascal Robert (Paris, Hermann, 2023)
Maëlys Tirehote-Corbin et Léandre Ackermann, « Une lecture critique de l’histoire de la bande dessinée entre invisibilisation et exclusion : le cas des autrices en France », Images du travail, travail des images, n o 14 (1 février 2023), https://journals.openedition.org/itti/3518.
Intervention dans le Podcast Les Couilles sur la table